L'OTSG ou le retour des bandes optiques

Malgré les échecs commerciaux essuyés par tous ceux qui ont tenté de lancer des bandes optiques, certains industriels et des utilisateurs tentent de concevoir des normes qui devraient relancer le développement d'une bande optique et de son enregistreur/lecteur.

Article publié dans le magazine MOS 153 - © MOS - ARCA 1997- Tous droits réservés.

Réunis au sein de l'OTSG ou Optical Tape Study Group de l'AIIM, ces adeptes de la bande optique collaborent en vue de définir la bande idéale, les méthodes d'écriture/lecture, les formats d'enregistrement de fichiers, etc., dans le but affiché de relancer des fabricants dans cette voie. M. Fernando Podio du NIST (dépendant du ministère du commerce américain) dirige ce groupe. Les membres de l'OTSG ont profité du salon AIIM'97 pour se réunir et faire connaître leurs travaux. Selon un article paru dans une des publications de l'AIIM, ils estiment que la bande optique est un média de stockage de masse capable de répondre aux besoins d'archivage des entreprises et des administrations. Ce serait, d'après eux, un support relativement économique et &laqno;fiable» qui offrirait des taux de transfert élevés grâce à des techniques d'écriture et de lecture multicanaux.
 

 

Prototype d'un enregistreur/lecteur portable de bande optique développé en 1988 par DocData

 Juke-box pour bandes optiques développé en 1985 par DocData

Le premier système à base de bande optique a été présenté en 1983 par la société hollandaise DocData (voir MOS N°11 et N°33/34) qui avait conçu tout un ensemble, du média au dispositif de stockage: une cartouche enfermant une bande optique, des enregistreurs/lecteurs et un système de juke-box, la DocdataWheel, dont la capacité était en 1986 de 750 giga-octets répartis sur 128 cartouches. Trois ans plus tard, en 1986, Creo Electronics annonçait son propre système (MOS N° 44, page 16) en collaboration avec ICI/ImageData (MOS N°61, pages 3/5) qui fabriquait le support en Grande-Bretagne. Commercialisé à partir de 1988, Le système de Creo permettait de stocker environ un téra-octet (mille giga-octets) sur une bande optique de 35 millimètres de large et de 880 mètres de long. Creo Electronics a vendu une dizaine de ces enregistreurs/lecteurs à travers le monde - dont un en France - avant de céder sa technologie à E-Mass (filiale de E-Systems /Raytheon) qui n'a pas poursuivi la commercialisation. Ces enregistreurs de bandes ont trouvé leur application dans le stockage de données issues de systèmes d'acquisition satellitaires ou géophysiques. Ces activités génèrent en effet chaque jour plusieurs dizaines de giga-octets de données brutes qu'il faut stocker en attendant qu'elles soient analysées. Aux USA toujours, la société LaserTape a montré en 1991 (voir MOS N°91, pages 7/9) un enregistreur/lecteur pour bande optique utilisant une cartouche physiquement identique aux produits IBM 3480. Cet appareil est resté au stade de prototype et n'a jamais été commercialisé. Une partie des fondateurs de LaserTape ont repris les recherches au sein de LOTS (Laser Optical Tape Systems) qui a reçu le soutien financier de certaines administrations américaines pour poursuivre la mise au point de sous-systèmes opérationnels.

   

 Première bande optique WORM commercialisée en 1987 par ICI/ImageData

 

 Enregistreur/lecteur de bande optique de Creo Electronics commercialisé en 1988

Les bandes optiques ont suscité de nombreuses recherches dans les laboratoires des firmes de l'électronique et de l'informatique. Dans les années 80, jusqu'au début des années 90, une vingtaine d'équipes travaillaient sur ce sujet aux USA, au Japon et en Europe. Des travaux de recherche, dont nous avons eu écho, ont eu lieu dans un laboratoire hollandais de Philips Electronics (Eindhoven). Ils datent de 1993/1994 et avaient pour but de vérifier la faisabilité d'un enregistreur/lecteur et d'une bande optique destinés à un contexte industriel. La bande, de type WORM, mesurait huit millimètres de large; elle était enfermée dans une cartouche et offrait une capacité de 80 giga-octets. Le taux de transfert était de trente mégabits par seconde et le temps d'accès aux données de quinze secondes environ dans une cartouche. Pour le moment, Philips n'a pas donné de suite à ces développements. D'autres industriels se sont intéressés à ce support de stockage. Sony, Daewoo, Samsung et Kodak, par exemple. Ce dernier a mis au point une bande optique et un enregistreur/lecteur qui, pour l'instant, ne sont restés qu'au stade du prototype. Dans cette bande optique, la couche sensible est à changement de phase (comme les disques optiques de 14 pouces de diamètre de Kodak); l'enregistreur/lecteur contient un dispositif combinant en parallèle une barrette &laqno;multi-lasers» pour l'écriture et un tambour transparent pour le guidage de la bande. Parmi les autres développeurs, M. David Paul Gregg (l'un des premiers ingénieurs américains à avoir travaillé au développement des disques optiques dans le milieu des années 1960) a conçu à la fois une bande optique, un enregistreur/lecteur et même un duplicateur permettant de transférer rapidement des données sur un support de diffusion. Il est intéressant de noter que les brevets d'invention concernant ces développements ont été déposés par la société DiscoVision Associates (DVA) appartenant au groupe Pioneer Electronics (Japon). Parmi les industriels qui se sont intéressés à la bande optique, on peut également mentionner StorageTek et la société américaine E-Systems (Dallas, TX) qui a conçu un sous-système complet. La société japonaise Diafoil Hoechst a, pour sa part, développé une bande optique dans l'éventualité où une demande se manifesterait. Il ne s'agit là de quelques exemples récents des travaux autour de ce support de stockage.

En lançant des travaux de normalisation au sein de l'OTSG, les initiateurs de la norme espèrent ranimer l'intérêt pour ce média optique, avec sans doute l'arrière pensée chez certains de &laqno;décrocher» quelques subventions pour financer leurs recherches. En Europe aussi, le projet de financer la création d'un groupe d'industriels européens chargé de réaliser des études similaires avait effleuré certaines directions de la Communauté Européenne en 1996 mais ne semble pas avoir abouti. La bande optique fait concurrence au monstre du Loch Ness. Elle réapparaît périodiquement lors des congrès scientifiques ou sous la plume de quelques personnes qui tiennent absolument à mettre en uvre des techniques optiques sur un support de type bande. L'évolution des supports magnétiques a contrarié la plupart des précédents projets qui n'avaient comme véritable atout que leur énorme capacité. L'arrivée prochaine de disques optiques de haute densité permettant d'accéder en ligne à plusieurs giga-octets sur une seule face n'est pas faite pour favoriser une remise en chantier de la bande optique.

Francis Pelletier

Article publié dans le magazine MOS 153

© MOS - ARCA 1997- Tous droits réservés.

 Les membres de l'OTSG

Callicot Consultants, Customer Refocus, Eastman Kodak, Filetek, IIT Research Institute, IRS, LaserTape, LDS Church, Library of Congress, Lockheed Martin, LOTS Technology, National Media Laboratory/Imation, National Storage Industry Consortium, NASA Goddard Science Flight Center, NIST-ITL, Offering Technology Solutions, Philips Research Laboratories, Polaroïd, Primelink Corporation, SAIC, South Wall Technologies, StorageTek, SynthSys Research, Systems Engineering & Security, Terabank Systems, TRW, University of Arizona, Optical Sciences Center, US National Archives & Records Administration.