Philips mise sur le CD-WORM, le CD-E et le DVD-ROM

Par Francis Pelletier
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Cet article a été publié dans le magazine MOS 142

Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à Hanovre avant l'ouverture du Cebit'96, les dirigeants de la division Key Modules de Philips ont dévoilé leur stratégie concernant les nouveaux médias basés sur le format Compact Disc et DVD.


Présentant l'un des premiers prototypes de lecteur de DVD-ROM conçu par les équipes de la division Key Modules de Philips, son président, M. Jan Oosterveld, a évoqué les perspectives commerciales des nouvelles lignes de produits en cours de développement. Selon M. Oosterveld, il se serait vendu 200.000 enregistreurs de CD-WORM en 1995 et, considérant la très forte demande dont il est l'objet, il faut s'attendre à ce que le chiffre des ventes atteigne deux millions à la fin de 1996. Comment répondre à cette incroyable augmentation de la demande qui aura décuplé, au sens propre, en l'espace de deux ans quand on est Philips et que l'on détient - c'est M. Jan Oosterveld qui le dit - en tant que fournisseur direct et indirect, 50% du marché des unités de CD-WORM. Philips est en effet présent sur ce marché via sa filiale Key Modules qui commercialise des appareils complets sur les marchés de l'OEM et de la distribution mais vend également des sous-systèmes mécanique, optique et électronique à un certain nombre d'autres fabricants. M. Jan Oosterveld croit Philips capable de relever le défi. Il a profité de cette conférence pour annoncer le CDD-2600, un nouvel enregistreur double vitesse et sextuple vitesse en lecture. En matière de CD-ROM, Philips Key Modules devrait présenter sous peu un nouveau lecteur 8x offrant un débit de l'ordre de 1200 kilobits par seconde et il ne semble pas exclu qu'un modèle 10x voie le jour l'année prochaine.

La création d'enregistreur multifonction : CD-WORM et CD-E


Dans le domaine des média, la prochaine annonce officielle de Philips devrait porter sur le CD-E ou Compact Disc Effaçable (voir MOS N°139, pages 33/34). Les ingénieurs du groupe travaillent activement sur ce nouveau support d'archivage et de sauvegarde en collaboration avec une dizaine de sociétés, notamment avec Ricoh (Japon) comme en témoignaient les deux responsables présents à cette conférence. L'annonce officielle devrait avoir lieu au quatrième trimestre 1996. L'appareil pour lire, écrire et effacer ce média sera de type multifonction. Il pourra donc lire et écrire des CD-WORM et lire des CD-ROM et des Compact Disc audio. Comme nous l'avons déjà signalé à plusieurs reprises, la technologie d'enregistrement de ce CD-E sera le changement de phase. Le disque de douze centimètres de diamètre offrira une capacité de stockage de 650 méga-octets sur sa seule face exploitable. Les dirigeants de Philips fondent beaucoup d'espoirs sur le CD-E; ils estiment que le marché mondial atteindra les 20 à 25 millions d'appareils en l'an 2000. Ils n'ont pas indiqué de prix de commercialisation de l'enregistreur/lecteur mais d'après les informations que nous avons pu glaner, un tel appareil devrait se vendre à un prix proche de celui des enregistreurs de CD-WORM actuel. Le prix du disque CD-E vierge devrait avoisiner les 25 dollars (approximativement 125 francs).

Le DVD-ROM : un média attendu par l'industrie informatique

Dérivé du DVD-Video, le DVD-ROM en est le pendant à usage informatique; il est perçu comme le remplaçant à moyen terme du CD-ROM que nous utilisons aujourd'hui. Les spécifications du DVD-ROM sont toujours en cours de définition entre les sociétés qui ont participé à l'élaboration de cette nouvelle génération de médias et les grandes compagnies de l'informatique et du monde des logiciels. Les discussions portent non seulement sur certains aspects physiques - pour permettre la relecture des disques actuels -, mais surtout sur le ou les formats d'organisation des fichiers du DVD-ROM. Si les parties parviennent à s'entendre dans les prochains mois, on pourrait voir les premiers lecteurs de DVD-ROM sur le marché international à la fin de cette année. &laqno;Nous croyons que le marché du DVD-ROM se développera plus vite que celui du DVD-Video», a précisé M. Jan Oosterveld, lors de sa conférence. &laqno;Le prix OEM d'un lecteur de DVD-ROM sera beaucoup plus bas que celui d'un lecteur de DVD-Video complet». &laqno;Nous pensons que, pour des achats en quantité importante, le prix d'un lecteur de DVD-ROM pourrait être approximativement de 200 dollars». M. Jan Oosterveld a poursuivi en précisant que &laqno;la demande pour plus de capacité et une meilleure qualité vidéo est bien plus forte dans le monde de la micro-informatique que dans le grand-public». Il estime qu'en l'an 2000, 10% des 250 millions d'appareils pour disques optiques vendus au niveau mondial seront à base de DVD et que le DVD-ROM s'arrogera une large part de ces 10%. Selon d'autres sources, le marché du DVD-Video, dont les lecteurs sortiront à la fin de cette année aux USA et au Japon, serait voisin de 500.000 appareils et de trois millions de disques. Le prix public de vente devrait osciller entre 500 et 800 dollars selon les fonctionnalités et les possibilités offertes par l'appareil.

Les versions enregistrables et effaçables du DVD


A l'instar d'autres industriels, Philips travaille au développement de DVD enregistrables de type WORM et effaçables. Selon M. Jan Oosterveld, ses ingénieurs ont mis au point une couche sensible obéissant au principe du changement de phase qui a fait montre d'une capacité à supporter 100.000 cycles (écriture/effacement/réécriture) avec une excellente stabilité. Mais ils explorent aussi la possibilité d'utiliser des couches magnéto-optiques pour le DVD-Effaçable; comme le souhaiterait Sony qui possède un savoir-faire considérable dans ce domaine. M. Jan Oosterveld a également fait état de recherches effectuées dans les laboratoires de Philips sur la conception et l'utilisation de lasers à semi-conducteurs émettant dans une très courte longueur d'onde. On ferait des progrès importants en matière de lasers, a-t-il indiqué, mais on est encore loin d'une utilisation professionnelle ou grand-public.

Des DVD-Video protégés contre la copie et la lecture hors territoire !


Un système anti-copie pourrait équiper les lecteurs de DVD-Video au dire des responsables de Philips. C'est une idée que les fabricants étudient pour enrayer la prolifération de copies pirates et protéger leurs investissements comme ceux des éditeurs. Nous n'avons pas pu obtenir de précisions sur la technique qui serait mise en uvre. Pas plus que nous ne sommes parvenus à éclaircir ce mystère qu'est la limitation de lecture des DVD-Video à certaines zones géographiques. En effet, certains producteurs et éditeurs ont évoqué la possibilité d'empêcher la lecture de DVD-Video destinés, par exemple, au marché américain sur des appareils européens. Nous entrons ici dans le délicat problème des droits de diffusion par zones géographiques. Les droits n'appartiennent pas toujours au même groupe ou au même producteur suivant les pays et les réseaux de distribution. C'est pourquoi il a été envisagé que, dans certains cas, avec des lecteurs dont le &laqno;code» de diffusion géographique serait différent de celui du disque, la lecture de DVD-Video soit brouillée. A vérifier !
Enfin, certains fabricants de lecteurs de DVD-Video vont implanter dans leur appareil un dispositif de contrôle parental de visionnement des disques. Toshiba a choisi le processeur et la technologie de Nissim Corp. (Miami, FL). Sur les premières pistes du DVD sera inscrit le classement (G, PG, PG-13, R, NC-17, etc.) du programme dans une liste référençant les films contenant des scènes de violence, d'érotisme, etc. Les parents pourront limiter la lecture des DVD en sélectionnant la catégorie de programmes que les enfants peuvent regarder en leur absence. Les DVD non autorisés seront brouillés ou illisibles.


Francis Pelletier
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