Par Francis Pelletier
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Cet article a été publié dans le magazine MOS 144
Après l'ère des disques préenregistrés tels
que les Compact Disc audio, les CD-ROM, les LaserDisc et les Mini-Disc,
MPO s'engage à fond dans celle des médias enregistrables.
Les Mini-Disc enregistrables formaient l'avant-garde; aujourd'hui MPO se
lance dans la fabrication de CD-WORM ou CD-R, à l'heure où
la demande connaît un boum extraordinaire.
Actuellement en test, la première ligne de fabrication de CD-WORM
ou Compact Disc enregistrable de MPO (Averton, France) sera opérationnelle
dans quelques semaines. M. Loïc de Poix, directeur général,
nous a réservé la primeur de cette nouvelle unité de
production. Première caractéristique: elle est entièrement
automatique; la production se fait en continu et ne demande que très
peu d'interventions humaines dans son fonctionnement. Deuxième caractéristique:
les normes en matière de pureté d'air et d'absence de poussière
sont très strictes puisqu'il s'agit de produire des supports à
vocation informatique. La ligne de fabrication a donc été
installée dans une nouvelle salle blanche dont l'atmosphère
est filtrée et purifiée pour la rendre exempte de poussières
et d'impuretés; c'est à ce prix que l'on peut maintenir une
production de qualité constante. Sa capacité de production
minimale est de 8.000 CD-WORM vierges par jour. En elle-même l'installation
se compose d'une presse à injection qui fabrique le substrat; celui-ci
est transporté vers une chaîne où sont effectués
les dépôts de la couche sensible, de la pellicule métallique
réflective et du vernis de protection. Les substrats passent d'un
stade à l'autre de façon automatique sous le contrôle
permanent d'un ordinateur. Les disques reçoivent au dernier stade
l'impression du client mais cette opération qui ne demande pas de
protection particulière contre les poussières se fait dans
un atelier hors de l'enceinte blanche. La salle de production est contiguë
à un laboratoire de préparation de la couche sensible, lui-même
intégré dans une partie des salles blanches de l'usine. Il
abrite des appareils très sensibles de pesage, de mélange
et de filtrage qui servent à préparer la couche sensible à
partir d'une poudre de polymère teinté acquise auprès
d'industriels de la chimie spécialisés. Dans ce même
laboratoire, MPO a installé des systèmes d'analyse par spectrographie
UV et par chromatographie qui permettent d'établir avec précision
la teneur et les spécificités du polymère.Ce laboratoire
équipé de matériels sophistiqués, où
travaille un personnel spécialisé, sera responsable de la
qualité de la production et devra suivre l'évolution des techniques
et des matériaux en prévision des futurs des médias
enregistrables.
Pour fabriquer ses CD-WORM, MPO utilise une couche à base de cyanine
et une couche métallique à base d'or. L'avantage de cette
structure est qu'elle offre une bonne sensibilité spectrale aux enregistreurs
quadruple vitesse. Avant de fabriquer des substrats en polycarbonate, MPO
confectionnera les matrices et les stampers dans l'usine d'Averton; pour
maîtriser la chaîne complète de fabrication et mettre
à profit un savoir-faire qu'elle possède déjà
mais aussi pour ne pas soumettre les matrices à des conditions de
transport qui pourraient nuire à leur stabilité géométrique.
MPO écoulera sa fabrication par plusieurs canaux. Celui de la distribution
tout d'abord, revendeurs-détaillants, professionnels de l'informatique
ou du multimédia, chez qui on trouvera des disques HiSpace, marque
déposée par MPO pour cette ligne de CD enregistrables. Le
second canal est celui du marché OEM que MPO va découvrir
pour la première fois. Pour personnaliser les disques au nom et à
la marque de ces clients OEM, elle s'est équipée de machines
automatiques d'impression mono et multicouleurs. Lorsque les premiers disques
sortiront de la chaîne, ils iront alimenter dans un premier temps
le marché national où la pénurie de CD-WORM se fait
toujours sentir. Dans un second temps, MPO proposera sa production sur le
marché européen au travers de ses filiales et de ses bureaux
commerciaux. A moyen terme, elle prévoit d'exporter une partie de
sa production vers les USA et l'Asie où MPO est désormais
bien implantée. La filière des disques enregistrables est
sous la responsabilité commerciale de Mme Charlotte Labouret.
A moyen terme, les dirigeants de MPO envisagent d'augmenter la capacité
de production en CD-WORM et de poursuivre dans cette voie en s'intéressant
aux futurs médias enregistrables de haute densité. La salle
blanche où se trouve actuellement la première unité
de fabrication a été conçue pour recevoir plusieurs
lignes de production capables de fonctionner en parallèle. Par ailleurs,
dans le cadre d'un projet communautaire Eureka, MPO est responsable de la
mise au point d'un disque de type DVD-RAM ou Digital Versatile Disc effaçable.
Les partenaires doivent développer une couche sensible à changement
de phase qui devra faire montre d'une sensibilité spectrale très
élevée et d'une excellente résolution, conditions indispensables
pour supporter des enregistrements de dimensions submicroniques. Les études
fondamentales devraient démarrer officiellement dans les prochaines
semaines. Elles se feront en collaboration avec, entre autres, le LETI (Grenoble).
Ce premier projet concerne un disque mono-couche et un disque double-face.
Dans un second temps, il est prévu d'étudier les possibilités
techniques des couches superposées afin d'augmenter la capacité
de stockage du média.
Sur le chapitre des disques enregistrables, les dirigeants de MPO ne se
cantonnent pas aux CD. Ils ont déjà abordé le champ
des disques optiques avec le Mini Disc. Ils étudient aujourd'hui
la possibilité de fabriquer des disques magnéto-optiques de
3,5 pouces (90 mm) destinés au marché de l'informatique. Ils
ont entrepris des tests de faisabilité qui ont eu des résultats
positifs mais la décision finale d'aborder ce créneau est
toujours en suspens. Ces disques qui seraient compatibles avec les normes
ISO et ECMA, utiliseraient la couche magnéto-optique que MPO et le
LETI avaient initialement mise au point pour fabriquer des Mini-Disc enregistrables.
M. Loïc de Poix voit dans ces nouveaux médias une opportunité
d'expansion pour son groupe en parfaite cohérence avec la logique
industrielle développée depuis 1984, année au cours
de laquelle MPO est devenu le premier presseur indépendant de Compact
Disc audio du monde. Ainsi, par l'intermédiaire d'un CD-WORM dont
le succès facilitera bien des manuvres, le groupe MPO compte se tailler
une place, si possible de premier plan, sur le marché des disques
optiques enregistrables destinés aux professionnels et au grand-public.
Francis Pelletier
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