Le DVD-MO, un nouveau média haute capacité

Comme s'ils prenaient un malin plaisir à brouiller un peu plus l'écheveau fort emmêlé des spécifications des futurs disques optiques enregistrables basés sur le format DVD, quelques industriels annoncent leur intention de développer une version magnéto-optique.

 

Jusqu'à présent, il semblait acquis que le futur DVD enregistrable et effaçable - connu sous le nom de DVD-RAM - serait basé sur la technologique du changement de phase. Mais voila qu'à la mi-juillet 96, un groupe d'industriels a jeté un pavé dans la mare en annonçant son intention de développer puis de commercialiser un DVD-MO ou Digital Versatile Disc - magnéto-optique, également connu sous le nom de code de MO7. Ces industriels dissidents sont Fujitsu, Sony, Philips, Hitachi, Hitachi-Maxell, Sharp, Olympus et Sanyo; soit une large part des fabricants actuels d'unités de DON (3,5 ou 5,25 pouces). Leur but principal est de valoriser un savoir-faire acquis de longue date en technologie magnéto-optique qui se concrétiserait par un nouveau format de disque capable de répondre à des besoins professionnels dans un premier temps et à des besoins grand-public par la suite.

Les spécifications du DVD-MO devraient être connues avant la fin de cette année. Ce que l'on en sait pour le moment, c'est qu'il mesurera 12 centimètres de diamètre et que sa capacité de stockage sera de 6 ou 7 giga-octets d'où son nom de code de MO7 (pour magnéto-optique 7 Go). Il n'a pas été spécifié si les deux faces seront exploitables. La technique d'enregistrement/effacement sera à réécriture directe pour que le taux de transfert en écriture soit compatible avec des applications professionnelles et multimédia. Les initiateurs de ce nouveau média envisagent de proposer des enregistreurs/lecteurs pour micro-ordinateurs également compatibles en lecture avec les DVD-Video et les DVD-ROM.

Les responsables de Fujitsu envisagent même d'assurer une compatibilité de lecture et d'écriture avec les disques magnéto-optiques 3,5 pouces actuels. Rappelons que Fujitsu a déjà développé un appareil mixte - lecteur de CD-ROM + enregistreur/lecteur de DON 3,5 pouces de 640 méga-octets - connu sous le nom de code &laqno;Dragon» (MOS N°142, page 31). La société japonaise devrait le présenter lors du prochain Comdex puis le lancer sur le marché international à la fin de cette année ou au début de 1997.

Deux médias optiques concurrents à l'horizon

En se regroupant et en créant un consortium, les industriels promoteurs du DVD-MO ont pris avant tout un positionnement stratégique car, technologiquement parlant, il faudra vraisemblablement attendre un ou deux ans avant de tester les premières unités d'évaluation. La façon dont sera perçu ce nouveau média reste une grande inconnue d'autant que l'on ne connaît encore ni ses capacités physiques ni son format logique. D'emblée, il se présente comme un concurrent direct du DVD-RAM basé sur la technologie du changement de phase mais sans doute aussi, à terme, comme un concurrent des disques optiques numériques 3,5 et 5,25 pouces. Les deux camps opposés, celui du DVD-MO et du DVD-RAM, ont commencé à décrier le concurrent, discrètement pour le moment. Le clan DVD-MO met en avant le nombre très élevé de cycles &laqno;écriture/lecture-effacement-réécriture» qu'offre la technologie magnéto-optique. Le clan du DVD-RAM argue de la simplicité de l'optoélectronique que demande le changement de phase, ce qui permettra de produire des enregistreurs/lecteurs à des prix très abordables. A notre avis, trois points seront décisifs dans la compétition qui s'engage dont on ne peut encore véritablement débattre puisque les spécification du nouveau venu ne sont pas connues. Le premier concerne la capacité de stockage du DVD-MO par rapport à celle du DVD-RAM. Les industriels partisans du DVD-RAM - basé sur le changement de phase - envisagent de proposer un disque capable de stocker 2,6 giga-octets par face; soit 5,2 giga-octets sur un média double face. Pour leur part, les membres du groupe DVD-MO misent d'emblée sur une capacité de stockage de 6 ou 7 giga-octets sur un disque. Le second point concerne la possibilité d'exploiter ou non les deux faces d'un DVD-MO. Il est vraisemblable, mais pas certain à cause de la faible épaisseur du disque, que le DVD-MO offrira deux faces exploitables. Le troisième point, également déterminant car il a une incidence sur le taux de transfert, concerne la technologie de réécriture directe des données (&laqno;Direct Overwriting ou DOW en anglais) qui sera choisie par les industriels. Actuellement, ils ont le choix entre la technique issue des développements faits par Sony autour du Mini-Disc qui fait appel à une modulation magnétique et la technique appelée LIMDOW qui utilise une modulation de l'intensité lumineuse sur une structure optique composée de sept couches. L'inconvénient principal de cette dernière est le coût de fabrication élevé des disques. Nous devrions en savoir plus sur le DVD-MO à la fin de cette année ou au début de 1997.

Cette annonce prématurée pour ne pas dire intempestive n'ira pas sans conséquences sur le marché des disques optiques. Elle sème un peu plus la confusion dans l'esprit des non-spécialistes et entretiendra l'indécision de ceux qui pourraient acheter. Il faut s'attendre à une pénétration lente de ces nouveaux médias sur les marchés tant professionnel que grand-public.

Francis Pelletier

Article publié dans le magazine MOS 147

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