Mémoire holographique, coup d'envoi d'un vaste projet aux USA

par Francis Pelletier © Copyright 1996 MOSARCA
Cet article a été publié dans le magazine MOS 140

Le stockage holographique d'informations, qui fait l'objet de recherches depuis plus de vingt ans, redevient d'actualité grâce à l'évolution des matériaux sensibles et des dispositifs optoélectroniques.

omme nous l'avions précédemment annoncé (MOS 130, pages 27/28), plusieurs projets de recherches portant sur des systèmes et des médias de stockage holographique d'informations ont vu le jour aux USA. Le 14 novembre dernier, un consortium d'industriels et d'universités a obtenu de l'administration américaine, plus précisément de l'Advanced Research Projet Agency (ARPA) du département américain de la défense un financement de 50% dans un nouveau programme d'études. Le consortium financera les 50% restants, soit 32 millions de dollars (environ 160 millions de francs). Prévu pour durer cinq ans, le projet HDSS (Holographic Data Storage System) réunit l'université de Carnegie-Mellon (Pittsburg, PA), GTE Corp., le centre de recherche Watson d'IBM (Yorktown Heights, NY), Eastman Kodak (Rochester, NY), Optitek (Mountain View, CA), Rochester Photonics (Rochester, NY), Rockwell (Thousand Oaks, CA), SDL Inc. (San Jose, CA), l'université de l'Arizona (Tucson, AZ) et l'université de Dayton (Ohio). Les responsables et coordinateurs du programme sont le Dr. Lambertus Hesselink de l'université de Stanford et le Dr. Glenn T. Sincerbox, chercheur du centre Almaden d'IBM (MOS N130, pages 27/28) dont les travaux en matière de mémoires optiques et holographiques sont bien connus de la communauté scientifique. L'administration a été confiée au NSIC (National Storage Industry Consortium).

Le projet HDSS fait suite au programme PRISM (Photorefractive Information Storage Materials) qui avait également reçu le soutien de l'ARPA. Il a pour mission de développer des composants et des enregistreurs/lecteurs pour la mémorisation sous forme holographique de données informatiques ou autres. Il doit mettre au point des méthodes de codage/décodage et concevoir des interfaces - matérielles et logicielles - pour leur exploitation avec des ordinateurs. Les prototypes seront localisés au centre Almaden d'IBM, chez Optitek/GTE et Rockwell.

Les débouchés possibles à l'aube du 21ème siècle

Les industriels participant à ce projet ont déjà une petite idée des débouchés que peuvent avoir les mémoires holographiques basées sur des matériaux de type photoréfractifs. IBM compte s'intéresser de plus près à son utilisation pour le stockage de masse d'informations nécessitant un haut débit. Optitek et GTE travailleront sur des applications de diffusion à la demande de grandes banques d'images ou de vidéo numérique compressée accessibles via des réseaux de télécommunications. Quant à Rockwell, elle compte utiliser les mémoires holographiques pour des systèmes embarqués notamment dans des avions. Nous ne manquerons pas de nous faire l'écho de l'avancement de ce projet qui pourrait déboucher sur une nouvelle forme de mémoires optiques. Contrairement à ce qui a pu être dit ou écrit ici ou là, les mémoires holographiques en leur état actuel ne peuvent prétendre faire concurrence aux disques optiques numériques. Les DON ont leur vie à vivre avant de céder éventuellement la place et leur disparition est loin d'être programmée car eux aussi sauront tirer parti du stockage multidimensionnel.

Francis Pelletier © Copyright 1996 MOSARCA
Cet article a été publié dans le magazine MOS 139