par Francis Pelletier - © copyright 1994 mosarca
Cet article a été publié dans le magazine MOS 129 -
novembre 1994
Lecteur/enregistreur de MD-Data Sony (Photo:
© Sony)
Mesurant 64 mm ou 2,5 pouces de diamètre, le Mini-Disc est le seul
média grand-public livré dans une cartouche plastique munie
d'un volet métallique mobile, comme le sont les disquettes magnétiques.
On trouve actuellement deux types de Mini-Disc sur le marché.
Le premier est le média préenregistré, porteur de sons
s'il est destiné au marché de l'audio, de données et
de fichiers dans sa version MD-Data-ROM. Le second type est enregistrable
par l'utilisateur disposant d'un enregistreur/lecteur adapté. Il
est de technologie magnéto-optique et offre la possibilité
d'enregistrer et d'effacer à concurrence d'un nombre élevé
de cycles. Il se prête à des applications grand-public aussi
bien que professionnelles, ce que confirmait l'annonce, en mars dernier,
du MD-Data (MOS N°122) dont le lecteur/enregistreur viendrait prendre
place dans des micro-ordinateurs.
Lecteur/enregistreur de MD-Data Sony (Photo:
© Sony)
Le Mini-Disc requiert un lecteur ou un lecteur/enregistreur spécial.
Car, outre qu'il a une taille particulière, il utilise un format
logique nécessitant des circuits de décodage adaptés.
Un Mini-Disc de 64 mm de diamètre peut contenir jusqu'à 74
minutes de son numérique stéréophonique de haute qualité
(44,1 kHz) qui sont compressées par un algorithme propre à
Sony. Baptisé ATRAC pour Adaptive TRansform Acoustic Coding, cet
algorithme utilise des principes psycho-acoustiques jouant sur des bandes
de fréquence sonores auxquels s'ajoute un traitement basé
sur une variante DCT baptisée MDCT (ou Modified Discrete Cosine Transform).
Le décodage est réalisé en temps réel par un
simple lecteur de Mini-Disc au travers de processeurs spécialement
conçus par Sony.
De même, les lecteurs/enregistreurs intègrent un dispositif
d'encodage en temps réel. En dehors du gain de place, la compression
des données sur Mini-Disc offre un autre avantage. Le stockage temporaire
des données sonores donne une impression de stabilité lors
de la lecture, à concurrence de trois secondes même si un choc
se produit lors de ce traitement. La lecture des données s'effectue
en effet par à-coups, à un taux de transfert de 1,4 mégabits
par seconde, jusqu'au remplissage d'une mémoire tampon d'un mégabit
utilisée pour stocker temporairement les données dans l'attente
de la décompression. Ces données sont transmises au circuit
de décodage au rythme de 0,3 mégabits par seconde, puis elles
sont acheminées vers un convertisseur numérique/analogique
au rythme de 1,4 mégabits/ seconde.
Il n'en est pas de même pour la version MD-Data destinée à
la micro-informatique. A l'heure actuelle, un MD-Data a une capacité
de 140 méga-octets sans aucune compression des données. Il
faut pour l'exploiter un lecteur/enregistreur dédié équipé
d'un contrôleur/interface qui permet de le piloter à partir
d'un micro-ordinateur. Microsoft et Sony ont conçu un format logique
portable à l'image de l'ISO-9660 pour le CD-ROM afin de rendre le
MD-Data lisible dans différents environnements.
La version enregistrable du Mini-Disc offre des avantages dignes d'intérêt.
En version audio, les utilisateurs ont à leur disposition deux types
de disques, aux capacités respectives de 60 et 74 minutes, qui peuvent
être réécrits directement (overwriting direct), c'est-à-dire
sans phase intermédiaire d'effaçage des enregistrements précédents,
grâce à un dispositif où interviennent à la fois
la modulation du laser et un bobinage magnétique. La taille du Mini-Disc
en fait un média facilement transportable, d'un coût abordable
et fiable dans le temps car de nature magnéto-optique. Les avantages
sont les mêmes en version MD-Data mais sont quelque peu occultés
par les insuffisances que constituent la capacité de 140 méga-octets,
le taux de transfert de 150 kilo-octets par seconde et le temps d'accès
de 300 millisecondes.
Le Mini-Disc n'a pour l'instant rencontré qu'un succès moyen
sur le marché grand-public; malgré tout, vu la stagnation
du Compact-Disc et le déclin de la cassette audio, il apparaît
comme le support (disques et drives confondus) en plus forte croissance.
Cela permettra peut-être de vaincre son principal défaut :
le prix prohibitif des appareils destinés à son exploitation.
Un lecteur portable coûte en France environ 2.900 francs tandis qu'un
lecteur/enregistreur, également portable, coûte un peu plus
de 3.900 francs. Par ailleurs, en matière de promotion, Sony est
le seul à faire réellement un effort. Quant au MD-Data, il
n'est pas encore présent sur le marché domestique car il subit
des tests d'évaluation chez de grands industriels de l'informatique.
Si l'on en croit certaines informations, une nouvelle vague de fabricants
d'appareils grand-public devrait, en 1995, se lancer dans le Mini-Disc avec
un peu plus d'enthousiasme. On y trouvera des sociétés comme
Aiwa, Sanyo, Hitachi, Mitsubishi, JVC, Kenwood, Samsung, Denon, Clarion,
Onkyo, RCA/Thomson, Goldstar ou Telefunken. L'afflux de produits qui devrait
en découler, associé à une miniaturisation encore plus
poussée devraient entraîner dans les mois à venir des
baisses de prix relativement importantes pour les lecteurs et les lecteurs/enregistreurs.
Selon Sony, le Mini-Disc se positionne sur le marché grand-public
en tant que produit de substitution de la cassette audio magnétique.
Dans sa version préenregistrée, il empiète également
sur le marché du Compact Disc audio qui, officiellement, n'est pas
une cible visée par Sony. Quant au MD-Data, la version informatique
du Mini-Disc, son positionnement est multiple. Destiné à remplacer
la disquette magnétique de 3,5 pouces (une invention de Sony), il
peut également écorner le marché du CD-ROM et, dans
certains contextes, celui du disque magnéto-optique de 3,5 pouces.
A la réserve près que ses performances actuelles ne lui permettent
pas de rivaliser directement avec ces deux derniers média. Bien qu'il
soit question d'un doublement de la capacité du Mini-Disc dans les
mois à venir - capacité qui passera de 140 à plus de
250 méga-octets -, son taux de transfert et son temps d'accès
restent trop faibles pour rivaliser avec ceux du CD-ROM ou du disque magnéto-optique.
Du moins pour l'instant! En revanche, il vrai que le MD-Data est un excellent
substitut à la disquette magnétique 3,5 pouces; à condition
que son rapport coût-performance, y compris au niveau du lecteur/enregistreur,
soit également concurrentiel.
Francis Pelletier
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