Philips vient de mettre sur le marché le CDI-370, un nouveau lecteur de CD-I portable qui se caractérise par une intégration poussée. Cet appareil quoique de petite taille et d'un poids avoisinant les 1,3 kilogrammes est néanmoins muni d'un écran couleur LCD de 5,6 pouces de diagonale (14 centimètres), de deux haut-parleurs situés sur sa face avant et d'un dispositif de pointage et de sélection intégré dans la trappe qui s'ouvre pour dévoiler le logement du disque. Il est aussi pourvu de processeurs de décodage de la vidéo MPEG-1. En dehors des CD-I et des Video-CD, ce lecteur lit les Compact Disc audio, les Photo-CD et les Compact Disc Graphiques. Il dispose d'entrées et de sorties audio et vidéo qui en font un appareil très complet, apte à des applications professionnelles, des présentations de produits par exemple. Il est en effet équipé de prises S-Video et audio (RCA) qui permettent de le connecter à un téléviseur ou à un vidéoprojecteur PAL/NTSC ou à une chaîne audio-vidéo. Côté entrée, il possède une entrée vidéo, une prise pour l'interfaçage d'une souris électronique ou d'un outil de dialogue et pour casque stéréophonique. En dehors du pointeur, on peut le piloter à l'aide d'une télécommande à infrarouge fournie en option. On l'alimente en électricité par le secteur en intercalant un transformateur externe ou par une batterie rechargeable amovible qui se connecte à l'arrière de l'appareil. Du point de vue technique, le CDI-370 utilise un processeur Motorola MC68340 cadencé à quinze mégaHertz auquel sont associés des processeurs vidéo et audio, une mémoire ROM de 512 kilo-octets, deux méga-octets de RAM et une mémoire NV-RAM (Non Volatile-RAM) de 32 kilo-octets alimentée en permanence par une batterie. L'écran LCD couleur intégré restitue les images à la résolution de 720 x 234 pixels (H x V).
Pour les concepteurs de contenus et les développeurs d'outils, Philips
a mis au point le lecteur CDI-615, un appareil intégrant un décodeur
MPEG-1. Il est plus complet que les modèles destinés au marché
grand-public pour pouvoir satisfaire à un très large éventail
de besoins. Le CDI-615 est livré avec un lecteur de disquette magnétique
3,5 pouces (compatible PC) et intègre deux ports série et
un port parallèle pour le connecter à des périphériques.
L'une des possibilités qu'offre la présence de deux connecteurs
RS-232C est le chaînage de plusieurs lecteurs sous le contrôle
d'un lecteur &laqno;maître» pour des applications de type EAO
(Enseignement Assisté par Ordinateur). Le CDI-615 dispose aussi d'un
slot d'extension. Ces deux nouveaux lecteurs ainsi que les outils de création
et d'exploitation de CD-I sont revendus en France par Philips IMS au travers
de distributeurs agréés.
Annoncé au mois d'août dernier, le kit &laqno;Internet»
pour lecteur de CD-I est actuellement en vente en Grande-Bretagne. Il se
compose d'un modem qui vient se connecter à un lecteur grand-public
et d'un disque comprenant les programmes de gestion et d'accès. Ils
permettent de consulter le serveur CD-Online (http://www.cd-online.co.uk/)
et de naviguer sur l'ensemble des serveurs référencés.
Pour l'instant, ce kit n'est commercialisé qu'en Grande-Bretagne
au prix d'environ cent livres sterling. S'y s'ajoute un abonnement donnant
droit à un accès et à une boîte aux lettres électronique.
Le prix se décompose en un forfait de vingt livres sterling à
la souscription et en un paiement mensuel de douze livres sterling.
D'après ce que nous avons pu voir, les textes s'affichent sur le téléviseur dans un jeu de caractères suffisamment grand pour permettre une lecture facile. Dans la version commercialisée actuellement, les logiciels fournis ne prennent pas en compte les caractères accentués ou spéciaux utilisés par les langues européennes. Cette imperfection devrait être corrigée dans les futures éditions. La sélection et la navigation sur Internet s'effectuent par le biais d'un clavier &laqno;virtuel» apparaissant sur l'écran de l'ordinateur. Cette solution n'est pas idéale car pour écrire les chemins d'accès, l'utilisateur doit composer le code lettre après lettre à l'aide du pointeur de la télécommande. Mais ce n'est qu'une première étape. En effet, les responsables du projet chez Philips envisagent de commercialiser un clavier alphanumérique qui se connecterait au lecteur de CD-I afin de faciliter la saisie des codes de consultation mais aussi celle du courrier électronique (E-Mail). Les dirigeants de Philips croient aux chances du lecteur de CD-I en tant qu'outil de connexion et de consultation à Internet. Ils envisagent d'étendre les accès et de commercialiser des kits dans différents pays européens au cours de l'année 1996.
Aujourd'hui le CD-I ou Compact Disc Interactif a pris une place importante
sur les marchés dits &laqno;professionnels» ou &laqno;institutionnels».
Il a souvent remplacé le vidéodisque interactif comme support
de promotion, d'information ou de formation. A titre d'exemple, Chrysler
Corporation (USA) qui était un fort consommateur de vidéodisque
a récemment acheté 4.800 lecteurs de CD-I à Philips.
Ils seront installés dans le réseau des concessionnaires américains
et canadiens comme outil marketing pour présenter la gamme du constructeur
automobile et y faire des sélections personnalisées. Il servira
par ailleurs à former le personnel commercial. Toujours aux USA,
la chaîne de restauration rapide McDonald a installé un premier
lot de 1.500 lecteurs dans ses établissements. Ils sont à
la disposition des jeunes consommateurs pour lesquels des programmes ont
été développés. D'autres grands noms de l'industrie
ou du commerce comme Sears et McDonnell Douglas ont également choisi
le CD-I comme support de diffusion d'informations ou comme outil de formation.
En Europe et en France, le CD-I s'implante grâce à des programmes
génériques et, de plus en plus souvent, grâce à
des programmes réalisés à la demande. Philips souhaite
favoriser les applications autonomes et, pour cela, propose depuis peu un
ensemble complet intégrant un téléviseur avec écran
tactile et un lecteur de CD-I. Ce modèle 21CDTV/30 est particulièrement
destiné aux applications mises à disposition en libre-service
dans des bornes ou des consoles de consultation. Il a été
adopté par L'Oréal qui l'utilise comme outil interactif d'information
dans des salons de coiffure en Grande-Bretagne.
Au cours l'année 1996, Philips Media va étoffer son catalogue
de programmes qui compte aujourd'hui environ 300 titres de nouvelles productions
sur CD-I, Video-CD et CD-ROM. Ses dirigeants ont multiplié en quelques
mois les accords de partenariat et d'achat de droits avec des éditeurs
et des producteurs indépendants. Certains de ces programmes mettront
en scène des personnages de dessins animés, d'autres des vedettes
américaines de la télévision, etc. En France, Philips
Media prépare avec TF1 l'édition 1995 du &laqno;Journal Interactif
1995» et du &laqno;Jeu des Stars de l'info». D'une façon
générale, elle travaille sur de nombreux projets de production
en partenariat avec des concepteurs nationaux comme la société
Cryo qui a déjà réalisé le jeu &laqno;Lost Eden»
sur CD-I ou comme le concepteur de jeux vidéo Microïds dont
elle a édité le programme &laqno;Secret Mission». Du
côté des Video-CD, Philips Media France poursuit l'édition
de disques en langue française et prépare la sortie prochaine
de &laqno;Un indien dans la ville» pour le compte de TF1 Video, producteur
de quinze Video-CD que l'on commence à trouver dans les boutiques
spécialisées. Suivra un jeu interactif dérivé
du film &laqno;Devenez Mimi-Siku!». Un coup d'il sur les chiffres
de vente des titres des années passées nous apprend que les
plus grands succès ont été le &laqno;Dictionnaire Hachette
Multimédia» sur CD-I vendu à environ 70.000 exemplaires
et le jeu &laqno;Chaos Control» réalisé par Infogrames
dont 50.000 exemplaires ont été vendus depuis son lancement.
Pour alimenter son catalogue de Video-CD et demain de DVD, Philips fait
comme ses confrères: elle puise dans les fonds cinématographiques
qu'elle possède au travers de Polygram-Video et de Filmed Entertainment
auquel s'ajoutent les collections de Samuel Goldwyn Co. qu'elle a racheté
en décembre dernier pour 62 millions de dollars. Ce fonds est riche
de 850 films.
Francis Pelletier
© Copyright 1995 MOSARCA
Cet article a été publié dans le magazine MOS 141