1995/96 : L'évolution des disques optiques numériques à court terme

1995/96 : Evolutions of the Digital Optical Disks

par Francis Pelletier - © copyright 1995 MOSARCA
Cet article a été publié en septembre 1995 dans le magazine MOS 137 septembre 1995


Dans les prochains mois devraient apparaître sur le marché international de nouvelles unités de disques optiques numériques utilisant de nouveaux médias de 5,25 pouces et de 3,5 pouces. Dans cette nouvelle génération d'enregistreurs/lecteurs, la capacité de stockage des média sera quatre fois supérieure à celle des normes de référence.

Ainsi sur une face de DON de 5,25 pouces de diamètre (13 cm), on pourra enregistrer environ 1,3 giga-octets - contre 650 méga-octets à l'heure actuelle -; soit 2,6 giga-octets par cartouche double face. De même, la future génération de DON 3,5 pouces (9 cm) de diamètre verra sa capacité passer de 230 à 640/650 méga-octets sur une seule face; soit une augmentation de capacité de 180%, presque un triplement. Les DON de 12 pouces (30 cm) voient leur capacité atteindre les 16 giga-octets par cartouche double face chez ATG-Cygnet, 15 giga-octets chez Sony et 12 giga-octets chez Philips-LMS. Kodak pour sa part nous prédit 25 giga-octets sur son DON WORM de 14 pouces de diamètre en 1996. Il faut se faire une raison car cette course à l'augmentation de densité est loin d'être terminée. Elle devrait se poursuivre dans les années à venir par un doublement régulier tous les deux ou trois ans!

640/650méga-octets sur un DON3,5 pouces

Dans les rangs de la prochaine génération d'unités de DON 3,5 pouces, on comptera trois produits et supports différents incompatibles entre eux. Le premier est une continuation de la norme ISO continu-composite actuelle (ISO-230) du disque magnéto-optique de 86 mm de diamètre. Ses spécifications sont à l'étude au sein du comité de normalisation ISO/IEC (SC-23/WG-2). Un document qui porte la référence JTC 1-23-06 (juin 1995) récapitule les spécifications physiques et logiques de ce média y compris dans ses versions effaçables, P-ROM (partiellement enregistré en usine lors du pressage) et O-ROM (c'est-à-dire contenant des informations pressées lors de sa fabrication comme le CD-ROM).

Un P-ROM a une portion de sa surface préenregistrée lors du pressage du substrat et une seconde portion qui est laissée à l'usage du client pour être écrite, lue et effacée. Par contre, un O-ROM ne peut être que lu, comme un CD-ROM, dans une unité appropriée à ses formats physique et logique. Normalement, les enregistreurs/lecteurs pour disque magnéto-optique de 3,5 pouces de 640 méga-octets devraient pouvoir lire les médias actuels de 128 et 230 méga-octets.

Les industriels ont également prévu, dans une seconde phase, de sortir des appareils capables d'utiliser des médias autorisant la réécriture directe (Direct Overwriting), sans cycle d'effacement comme c'est actuellement le cas. Comme nous l'avions annoncé dans nos colonnes, Sony, Hitachi et 3M lancent une nouvelle génération d'unité et de média 3,5 pouces de 650 méga-octets de capacité sur une seule face. Elle est hors des normes actuelles et est incompatible avec les disques utilisés jusqu'à présent. Ces constructeurs ont fait le choix du format logique dit "échantillonné" et du mode de réécriture direct pour obtenir d'emblée de très hautes performances.

Le premier enregistreur/lecteur vient d'être annoncé au Japon. Il porte la référence HS-D650 (HS pour HyperStorage) et est vendu 200.000 yens (environ 10.000 francs), chaque disque vierge valant 17.000 yens (environ 850 francs). Pour l'instant aucune commercialisation hors du Japon n'est prévue. Selon les premières informations, ce drive aurait un taux de transfert en écriture d'un méga-octet par seconde.

De son côté, Toshiba aurait dû annoncer son enregistreur/lecteur de disque optique numérique effaçable 3,5 pouces basé sur la technologie dite du changement de phase. Ce média a une capacité de stockage de 650 méga-octets par face; soit 1,3 giga-octet pour un disque double face exploitable par retournement manuel. Comme les autres produits effaçables basés sur le changement de phase, la solution prônée par Toshiba autorise la réécriture directe des données, ce qui améliore les performances du drive par rapport à celles des drives actuels. Toshiba a entrepris des démarches auprès du comité de normalisation de l'ISO/IEC pour que soit élaborée une norme internationale. Le document met en avant les avantages technique de ce disque, notamment pour des applications multimédia utilisant de la vidéo MPEG-2; il donne également le calendrier de travail de l'ISO/IEC qui laisse entrevoir un DIS (Draft International Standard) en juillet 1996 puis une norme en avril 97.

Hormis Sony qui tente une approche du marché nippon avec son HyperStorage-D650, aucun autre fabricant n'a pour l'instant annoncé ses nouvelles unités pour DON magnéto-optique de 3,5 pouces 640/650 méga-octets. Certains estiment avoir déjà fort à faire pour commercialiser les produits actuels de 230 méga-octets. En outre, il plane une certaine incertitude sur l'avenir de ce format face aux développements du CD-E ou Compact Disc Effaçable. Le Comdex du mois de novembre prochain nous fera sans doute découvrir les projets des fabricants d'unités de DON pour 1996. Du côté des fabricants de disques, certains sont déjà prêts à produire en masse des médias 3,5 pouces de 640/650 méga-octets; c'est notamment le cas de PDO Media qui a produit des échantillons dans son usine de Wiesbaden (Allemagne).

Un disque optique 5,25 pouces d'une capacité de 2,6 giga-octets

Parallèlement à l'augmentation de densité des disques optiques 3,5 pouces, les industriels préparent une nouvelle génération d'enregistreurs/lecteurs et de média 5,25 pouces (13 cm). La capacité de stockage de ceux-ci va doubler pour atteindre 1,3 giga-octets par face; soit 2,6 giga-octets par cartouche. Les nouveaux drives liront les disques actuels de 650 méga-octets et de 1,3 giga-octets.

La normalisation en est au stade du document de travail, ou "working draft", au sein du comité ISO/IEC (JTC1/SC23) dont le président est M. Mike Deese. Ce projet de norme internationale porte la référence ISO-14517. Comme pour le 3,5 pouces, elle prévoit la possibilité d'utiliser de manière optionnelle des disques magnéto-optiques à réécriture directe, des P-ROM, des OROM ainsi que des pseudo-WORM dont la nature sera automatiquement détectée par l'unité. Pour l'instant, un seul industriel a annoncé un enregistreur/lecteur se conformant à cette nouvelle norme. Il s'agit d'Ocean dont les unités sont fabriquées par MOST. Par contre rien n'a filtré de chez Sony, Sharp et Ricoh. Pour sa part, Hewlett Packard a annoncé son intention de ne pas fabriquer ses propres unités mais de s'approvisionner sur le marché OEM. Quant à IBM, elle vient de prendre la décision d'arrêter la fabrication d'unités pour l'OEM et de se retirer du marché en tant que fabricant.

Le CD-E, trouble-fête des industriels du disque optique

Les augmentations de capacité des disques optiques numériques vont de pair avec celles d'autres supports de stockage amovibles. Sur le marché du simple système de sauvegarde, le DON doit faire face à une concurrence de solutions à base de disques magnétiques en grappe ou RAID.

Il est regrettable que les fabricants et les fournisseurs de produits "disque optique" ne sachent pas mettre en valeur les particularités de ces médias qui restent largement inconnus d'un public non averti. Ce n'est pas le problème de l'autre disque optique numérique enregistrable dont le marché progresse: le CD-WORM également appelé CD-R. Il a pour ainsi dire tuer le DON WORM 5,25 pouces dans les applications d'archivage avant de se répandre chez de nombreux utilisateurs professionnels, grâce à des prix constamment revus à la baisse.

La capacité du CD-WORM limitée aujourd'hui à 650 méga-octets sur la seule face utilisable est l'objet de nombreux développements. Des industriels préparent une génération dite de "haute densité" frôlant les trois giga-octets sur une seule face ou les six giga-octets sur deux faces exploitables. Chez Pioneer Electronic, dans le cadre de recherches pour concevoir un SD (Super Density Disc) enregistrable, les ingénieurs ont développé un enregistreur/lecteur et un média de 3,2 giga-octets de capacité par face. Des travaux similaires ont lieu chez Philips, Sony, Kodak, etc. Nous devrions en savoir plus dans le courant de l'année prochaine lorsque les sociétés engagées dans le développement d'une nouvelle génération de Compact Disc seront parvenues à un consensus.

Parmi les médias en cours de développement, c'est sans doute le CD-E ou Compact Disc effaçable qui suscite l'intérêt le plus attentif dans la majeure partie des sociétés internationales de l'industrie informatique ou grand-public. Basé sur le format physique du Compact Disc - 12 centimètres de diamètre -, il se comportera en gros comme un DON effaçable. On pourra y enregistrer des données, les lire, les effacer, en enregistrer de nouvelles grâce à la technologie dite à changement de phase. Un premier produit assimilable à un CD-E, bien qu'il ne s'agisse pas à proprement parler d'un CD-E, est le PCD-2000 de Matsushita (MOS 129) distribué en Europe par Plasmon Data. Ce disque offre une capacité de 650 méga-octets sur une face et des performances somme toute acceptables (voir dans ce numéro pages 30/32). Un tel enregistreur est vendu approximativement 5.500 francs dans sa version externe et fait également office de lecteur de CD-ROM.

La prochaine génération de CD-E sera vraisemblablement dérivée du Compact Disc haute densité en cours de définition. Si l'on en croit Toshiba et Matsushita, on pourra stocker sur un CD-E ou SD-RAM ou HD-CD-WORM (voir MOS 134, page 29) 2,6 giga-octets par face ou 5,2 giga-octets sur deux faces. Ce disque ne devrait pas apparaître sur le marché avant deux ou trois ans, ce qui laisse un peu de répit au DON 5,25 pouces qui en pâtira à coup sûr. A en croire les industriels travaillant sur ce nouveau média, les enregistreurs/lecteurs de CD-E pourront également écrire des CD-WORM ou CD-R et, bien entendu, lire les CD-ROM dans leurs versions actuelles ou futures comme de haute densité. Malgré des performances plus faibles, le CD-E va empiéter considérablement sur les marchés du DON 5,25 pouces au point de le reléguer dans quelques applications où seuls les temps d'accès ou les taux de transferts compteront.

Nous l'avons dit: la course technologique vers de très grandes capacités et de très hautes performances n'est pas terminée. Malgré l'essoufflement de certaines sociétés, il s'en trouvera toujours d'autres pour sortir de nouvelles générations de médias et de drives. Pour l'heure, beaucoup misent sur un support hybride capable de répondre à de nombreux usages.

Francis Pelletier © MOSARCA 1995 - Tous droits réservés
Cet article a été publié dans le magazine MOS 137 - Septembre 1995